Après avoir travaillé 15 ans dans l’industrie, Arnaud envisage une reconversion dans les métiers de l’artisanat. Il rejoint alors le parcours Entreprendre pour faire le tri dans ses idées de projets entrepreneuriaux, et les prioriser.
Le parcours lui permet également d’accélérer ses réflexions et de travailler sur la gestion de la prise de risque, inhérente au lancement d’un projet entrepreneurial.
Peux-tu te présenter en quelques mots et nous raconter ton parcours avant de rejoindre Co Naissances ?
Je m’appelle Arnaud Autric, j’ai 42 ans. Après un bac S, j’ai fait une école d’ingénieur en biologie à Cergy-Pontoise où j’ai obtenu un diplôme axé sur les industries de la biologie, l’agroalimentaire, le pharmaceutique et l’environnement.
Finalement, plutôt que de travailler dans la biologie, le hasard m’a amené dans l’industrie pharmaceutique, vers des métiers de la « supply chain » : de la chaîne d’approvisionnement étendue. J’ai été responsable d’approvisionnement, j’ai travaillé au niveau des achats, puis dans des postes de planification de la production. J’ai trouvé ce domaine assez stimulant, et suis resté 6 ans dans cette usine de médicaments.
Après la naissance de notre premier enfant, nous avons décidé de quitter la région parisienne avec ma femme pour venir nous installer à Lyon. Je cherchais une industrie qui avait plus de sens, j’ai donc rejoint ensuite une entreprise dans le domaine du photovoltaïque. Mon dernier poste était celui de responsable transport avec la gestion d’une équipe pour la distribution en Europe.
D’un côté, c’était très stimulant comme environnement. Il y avait beaucoup de challenges, j’ai aussi appris à parler anglais, j’avais des collègues à l’international, ça m’a apporté une ouverture d’espace intéressante. Mais d’un autre côté, il y avait aussi beaucoup de pression pour pas beaucoup de sens derrière… Mon travail se résumait finalement à envoyer des mails, à faire des tableaux Excel très compliqués, des présentations Powerpoint en anglais…
Après 15 ans dans ce milieu, j’ai vu que le côté stimulant et l’intérêt de ce genre de métier n’était plus suffisant par rapport aux contraintes. La quarantaine approchant, j’ai eu envie de faire autre chose…
🎤 Quel a été le déclencheur pour rejoindre un parcours chez Co Naissances ?
J’ai connu Co Naissances car ma femme avait suivi le parcours Orientation qui lui avait beaucoup plu et aidé à se réorienter dans un nouveau travail.
Quand je me suis décidé à quitter le monde de l’industrie, j’étais très attiré par l’entrepreneuriat car j’avais envie de redescendre à une échelle plus humaine.
Il y a beaucoup de gens qui veulent changer radicalement de métier, mais c’est souvent assez nébuleux parce qu’on n’a pas forcément d’idées ou de passions qui peuvent devenir un métier, et ça peut être assez dur à vivre.
Ça a été mon cas : je ne m’étais pas dit depuis l’enfance que je voulais faire un métier précis, comme être charpentier par exemple. Je n’avais pas d’idée précise de ce que je pourrais faire : avant le parcours, j’ai cherché pendant plusieurs années ce qui pourrait me motiver si je quittais l’industrie. J’ai passé en revue plusieurs métiers et l’artisanat était un domaine qui me plaisait bien. J’avais l’intuition que c’était plus ça qu’autre chose… J’ai pensé un temps à devenir affineur de fromage, avoir une petite boutique, mais le côté pierre sèche est aussi arrivé assez rapidement.
Je trouvais ce domaine intéressant pour le côté « petite structure » mais il fallait aussi qu’il puisse me permettre de gagner ma vie, un critère important pour moi, comme le fait de ne pas avoir à repartir dans des études sur plusieurs années. Il fallait que j’arrive à faire une reconversion assez rapidement.
A ce moment-là, j’avais plusieurs idées de projets et je cherchais encore comment les prioriser. Le parcours Entreprendre m’a donc paru bien adapté pour faire ce discernement.
🎤 Qu’est-ce que ce parcours t’a apporté ?
Le parcours m’a aidé à prendre du recul, à me poser les bonnes questions par rapport à toutes les problématiques d’emploi, d’orientation et de choix de vie aussi. Il m’a aidé à accélérer les réflexions que j’avais, par les rencontres et par les types de questions qu’il a suscitées.
Le fait d’échanger avec les autres participants de mon groupe, qui avaient déjà des projets ou qui étaient à des stades différents a été enrichissant.
Le parcours m’a aussi permis de prendre conscience de 4 critères qui étaient très importants pour moi :
- Le besoin de produire avec mes mains, un critère qui rejoignait donc bien les métiers de l’artisanat.
- Le besoin de voir le produit de mon travail, ce que je n’avais pas dans mon ancien métier.
- Un autre critère très important était de travailler en extérieur, en lien avec la nature ainsi que l’aspect écologique, faire attention à notre habitat au sens large, une notion très présente et importante dans notre famille.
- Le dernier était de participer à l’économie locale en travaillant localement. C’est quelque chose que je voulais pouvoir faire par rapport à mon métier d’avant dans le transport international.
Partant de ces critères, le métier de la pierre sèche s’est assez rapidement imposé car il cochait toutes les cases.
Le parcours m’a aussi permis de savoir comment m’y prendre pour valider la faisabilité de ce projet car le métier de murailler est quand même assez peu connu. J’ai donc contacté et suis allé rencontrer sur le terrain des personnes qui faisaient ce métier pour voir comment elles vivaient. Ça m’a permis de me rendre compte que c’était un métier qui pouvait me permettre d’en vivre.
Enfin, j’ai trouvé également intéressant de pouvoir partager avec les autres personnes du groupe autour du dernier obstacle : la gestion de la prise de risque. Comme d’autres, j’étais à l’époque en CDI dans un travail assez confortable, se lancer dans un parcours d’entrepreneur peut donc paraitre assez risqué. C’est un aspect est assez difficile car c’est souvent à ce moment-là que les gens abandonnent.
J’ai pu avoir une réflexion pour bien mesurer le risque, peser le pour et le contre, voir quelle alternatives et « bretelles de sécurité » on pouvait avoir si ça se passait mal… Avoir fait toutes ces étapes, aidé par les coachs et les autres participants qui partageaient les mêmes préoccupations, m’a décidé à franchir le pas.
A l’issue du parcours, j’ai donc pris ma décision et donné ma démission. A partir de là, nous nous sommes donnés 2 ans avec ma femme pour voir comment ça allait se passer, le temps de me former et de s’installer à Draguignan, une ville intéressante pour le marché de la pierre sèche et qui avait également du sens pour notre projet familial car c’est la ville dans laquelle j’ai grandi. Je me suis dit qu’au pire, si ça ne marchait pas, il serait toujours possible de retrouver un travail dans mon ancien métier avec mon bagage existant dans l’industrie, car rien n’est jamais perdu.
Je me suis aussi rendu compte qu’il n’était pas non plus possible de tout border ou calculer d’avance. En effet, en déménageant et en changeant de mode de vie, de consommation, d’alimentation, etc., il est difficile de pouvoir prévoir exactement le niveau de revenus et de dépenses pour être à l’équilibre, car ces aspects-là évoluent beaucoup. Il faut donc apprendre à lâcher prise et faire confiance, tout en prévoyant des filets de sécurité et des ressources sur lesquelles s’appuyer : ma femme a trouvé un emploi avant qu’on déménage, nous nous sommes installés dans une ville où j’avais de la famille. Nous étions donc bien entourés.
🎤 Quel conseil donnerais-tu aux personnes qui s’interrogent sur leur projet pro ?
Le conseil que je pourrais donner, c’est de bien s’entourer dans sa période de réflexion parce que réfléchir tout seul, c’est dur, on manque très vite de perspective.
Et puis d’oser. Il faut prévoir et anticiper un minimum avant de se lancer mais quand on choisit d’entreprendre, il faut aussi accepter la prise de risque, l’inconnu et de ne pas tout contrôler ! Avec le recul, j’ai trouvé ça plutôt facile parce que tout s’est bien passé. Pas un jour je n’ai regretté d’avoir osé mon changement de métier et de vie.
🎤 Comment ce sont passés les débuts de ton activité et où en es-tu aujourd’hui ?
Pendant 6 mois, j’ai fait différents stages sur des chantiers de murailler pour commencer à apprendre avant de passer mon diplôme en pierre sèche dans les Cévennes.
En parallèle des chantiers, j’ai aussi passé un certain temps à travailler la partie développement commercial pour me créer un réseau. Au bout d’un an, j’ai commencé à avoir des chantiers réguliers.
Aujourd’hui, tout se passe toujours bien, mon carnet de commandes évolue. Je travaille surtout pour des clients privés, mais j’aimerais également avoir plus de commandes publiques, travailler pour les mairies par exemple, pour contribuer à embellir nos paysages plutôt que de construire des murs en béton…. Je travaille donc beaucoup à promouvoir la pierre sèche auprès des institutions publiques.
J’ai aussi plusieurs gros chantiers qui se mettent en place et qui me demandent de faire appel à d’autres collègues muraillers. Je me pose donc la question de faire évoluer les statuts de mon entreprise pour pouvoir accéder à d’autres types de chantiers qui peuvent aussi être très intéressants.
Mais j’ai conscience que de passer de la liberté du statut de micro-entrepreneur à celui de société peut faire basculer dans une autre mécanique, celle d’investissements, d’embauches, de toujours plus de marchés pour être rentable…
C’est justement pour ça que j’ai changé, que je fais attention à prendre du temps avec ma famille, à faire d’autres choses que j’aime, à trouver un équilibre. Toutes ces questions font donc partie de mes réflexions actuelles.
Pour l’instant j’aime beaucoup ce que je fais et je suis heureux de pouvoir travailler à l’embellissement de notre patrimoine et de nos paysages. Je suis très content d’avoir quitté l’industrie pour faire ce métier. Je rencontre également beaucoup de personnes intéressantes dans mon travail et dans d’autres activités.
Je sais aussi que c’est une étape. C’est un métier que je ne suis pas sûr de faire pendant 20 ans, parce que c’est quand même très fatigant de porter des tonnes de pierres tous les jours ! Donc je ne m’empêche pas d’évoluer vers d’autres choses, suivant ce qui me plaira et au fil des rencontres.
J’ai vu que ce n’était pas si difficile de changer et que l’être humain peut être assez flexible pour s’adapter donc, si j’ai mal au dos dans 5 ou 10 ans, je me dis que j’aurais sûrement trouvé d’ici là d’autres choses intéressantes à faire ! Ou je ferai un peu de murs, plus un peu d’autres choses…
🎤 Trois mots pour résumer ton parcours chez Co Naissances ?
- Emulation
- Discernement
- Amitié. Je garde vraiment un bon souvenir de toutes les personnes de mon groupe que j’ai rencontrées. Nous gardons d’ailleurs des liens, on continue de s’échanger des nouvelles.
🎤 Et pour mieux te connaître, terminons par un questionnaire de Proust revisité à la sauce Co Naissances 😉
- Si tu étais un quartier de Lyon : J’aime bien le quartier de la Croix-Rousse car c’est un quartier où il y a pas mal de créativité. La pierre sèche est un métier d’artisan d’art et j’aime l’art sous toutes ses formes…
- Si tu étais une valeur : C’est difficile de rester humble dans ce genre de questions ! Je dirais le courage. Dans les projets et dans le fait d’avancer. Ma femme me dit souvent qu’elle trouve que c’est assez courageux ce qu’on arrive à faire.
- Si tu étais une fragilité : Le doute. Parce que même si c’est bien d’avancer, je trouve que c’est important de se remettre en question pour pouvoir ajuster des choses si besoin, plutôt que de n’avoir que des certitudes.
- Si tu étais un talent : Le sens artistique et l’organisation. J’ai un côté ingénieur très organisé et un côté très artistique. A priori, 2 aspects qui ne vont pas forcément ensemble mais qui au final, se complètent pas mal.
Pour contacter Arnaud :
– Son mail : arnaud.autric@gmail.com
– Son profil Facebook
– Le site de la Fédération Française des professionnels de la Pierre Sèche
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